La
plupart des Canadiens et Canadiennes, y compris ceux et celles qui
appartiennent à des syndicats, ont un grand respect pour le principe de la
légalité.
À
la lecture d’écrits de la part des Conservateurs sur les syndicats et l’action
politique qu’ils mènent, on pourrait croire que ces derniers ne respectent pas
la loi.
En
fait, la loi est plutôt du côté de ceux et celles qui sont membres d’un
syndicat lorsque vient le moment de négocier une convention collective et de
défendre les intérêts politiques.
En
1991, la Cour suprême du Canada à laquelle on demandait si les syndicats
pouvaient participer à des actions politiques,
se prononça pleinement en faveur des travailleurs et travailleuses et du
droit des syndicats à prendre part à des activités politiques.
La
plus haute cour du pays fut saisie par cette affaire après que Merv Lavigne, un
fonctionnaire de la province de l’Ontario, s’opposa à ce que ses cotisations
syndicales puissent être consacrées à des actions politiques. À l’époque, M.
Lavigne n’était pas membre du Syndicat des employées et employés de la fonction
publique de l'Ontario (SEFPO) qui était, contrairement à ce que certains
articles des Conservateurs prétendaient, et est toujours dans son droit.
Du
fait que M. Lavigne profite des avantages sociaux des conventions collectives
négociées en son nom et que son syndicat est légalement obligé de le
représenter, les tribunaux ont conclu que les cotisations syndicales sont
obligatoires même si une personne décide de ne pas adhérer au syndicat. Les
tribunaux sont en effet d’avis que les avantages sociaux qui sont acquis
doivent faire l’objet de paiements en contrepartie…autrement dit : pas de
pique-assiettes !
En
arrivant à cette décision, la Cour suprême prit de toute évidence position en
faveur du droit et de la responsabilité des syndicats à protéger les intérêts
des travailleurs et travailleuses qu’ils représentent. À la table de
négociations et dans le processus législatif, les syndicats peuvent utiliser
les ressources qu’ils reçoivent des membres et aussi des non-membres (les
cotisants Rand) selon le plus haut tribunal du pays. De l’avis des syndicats,
la promotion d’un environnement politique au sein duquel leurs membres peuvent
obtenir une meilleure convention collective constitue un prolongement de la
négociation.
Qu’en est-il
pour le Syndicat de l’Agriculture et les campagnes politiques auxquelles nous
participons ?
Nombre
de personnes qui sont membres de notre syndicat ont pour fonction d’assurer la
sécurité du public. En effet, chaque jour il leur incombe de s’assurer que les
aliments que nous consommons sont salubres, que les grains que nous faisons
pousser sont sans danger et de la meilleure qualité qui soit, que dans le grand
Nord les prairies sont conservées pour le bienfait des futures générations.
Cette
responsabilité, ils et elles l’assument très sérieusement au point où bien
souvent ils et elles en perdent le sommeil la nuit lorsque leur rendement est
compromis par des éléments hors de leur contrôle, par exemple la pénurie
d’inspecteurs et inspectrices des aliments causée par des compressions
budgétaires.
Il
est donc parfaitement logique que leur syndicat cherche à promouvoir un meilleur
système de sécurité des aliments – ce qui est exactement ce que nous avons fait
depuis la crise de la listériose aux établissements Maple Leaf en 2008. Pour
cela, il faut mettre en exergue les lacunes de l’actuel système et les
décisions d’ordre budgétaire prises par le gouvernement et qui mettent la
sécurité du public en danger.
Comme
vous pouvez l’imaginer, le gouvernement n’apprécie pas cette situation.
Les
intérêts de nos membres sont très étroitement liés avec ceux de la population,
comme cela est d’ailleurs souvent le cas lorsque nous lançons des actions
politiques à propos de projets.
Il
n’y pas si longtemps 26 mineurs
perdirent la vie lorsque les propriétaires de la mine Westray en
Nouvelle-Écosse les envoyèrent dans les galeries sous-terraines alors qu’ils
savaient pertinemment que les conditions de travail étaient extrêmement
dangereuses. Cet « accident » ressemble étrangement à l’effondrement
d’un édifice le 24 avril dernier au Bangladesh qui a entraîné dans la mort plus
de 500 personnes.
Le
cas de la mine Westray et celui du Bangladesh ne ressemblent pas à des
désastres tels qu’une inondation ou encore un acte de la nature ne pouvant pas
être anticipé ni évité. Cela inspira un autre syndicat – le Syndicat des
Métallos – à lancer une campagne d’action politique pour qu’un tel comportement
d’une entreprise aussi insensible soit considéré comme une infraction pénale.
Revenons
vingt ans plus tôt sur la décision Lavige rendue par la Cour suprême.
Aujourd’hui,
une campagne est en cours pour saper la capacité des travailleurs et
travailleuses et de leurs syndicats à entreprendre des campagnes d’action
politique efficaces en rendant les cotisations facultatives.
Les
député(e)s d’arrière-ban du gouvernement conservateur de Stephen Harper
semblent être à l’origine de cette tentative, mais il est possible que sa
source remonte tout en haut, soit au premier ministre en personne. Après tout,
Stephen Harper était à la tête de la National Citizen’s Coalition qui a pris à
sa charge les frais juridique de Merv Lavigne.
Il
est évident que de rendre facultatif le versement des cotisations syndicales
paralyserait les syndicats, et leur rendrait la tâche difficile pour lancer des
campagnes efficaces d’action politique.
Les
syndiqué(e)s ne seraient toutefois pas les seul(e)s à souffrir des conséquences
négatives de ce scénario.
Les
politiques du gouvernement et les forces de l’économie mondiale font déjà des
victimes parmi les jeunes Canadiens et Canadiennes qui sont en effet
confronté(e)s de nos jours à des taux de chômage records et qui doivent faire
face à des employeurs qui exigent des salaires et des conditions de travail
inférieurs pour les jeunes et nouveaux employés. Si les syndicats étaient ainsi
rendus plus faibles, les jeunes auraient plus de difficultés à trouver des
emplois décents offrant des avantages sociaux décents, une réalité qui menace
de les suivre durant toute leur carrière.
Le
grand public quant à lui sera également une victime si les syndicats ne peuvent
avoir recours à l’action politique, et s’il ne peut bénéficier de nos campagnes
en faveur d’aliments plus salubres et de milieux de
travail plus sécuritaires.
Qui
en sera le grand bénéficiaire ?
Dans
ce cas, ce sera le gouvernement Harper, bien connu pour son style de politique
implacable, qui se réjouira de la possibilité qui lui sera ainsi offerte de
suspendre des droits juridiques parfaitement raisonnables et logiques, tout
ceci pour se débarrasser d’un opposant de plus.
No comments:
Post a Comment